Rinjani Trek, Day 4 – The last one

Monkeys

Réveil de bonne humeur : il fait un temps magnifique. Tout le monde se retrouve autour de pancakes et salades de fruits, certains appréhendent l’ascension jusqu’au sommet, d’autres sont soulagés, dernier jour, ce soir, on retrouve notre confort. Et une douche.

La descente devrait durer un peu moins de 4h. Mais ça fait 3 jours qu’on marche sous la pluie, aujourd’hui, on peut profiter du soleil, on prend notre temps et on shoot à n’en plus finir.

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Pour ce qui est de notre démarche, c’est digne d’un retraité attardé bourré après un marathon.

Mais on y est presque. La descente est abrupte, on désescalade d’énormes marches naturelles crées par les racines des arbres.

On est dans la jungle, il fait beau et frais, on croise un singe noir –rare et peureux-, des sangsues, des bruits étranges. C’est magnifique, complètement différents des décors qui nous entourent depuis trois jours.

thend

On est clairement au bout de nos limites. On réfléchit à chaque pas, comment descendre sans utiliser nos jambes, c’est compliqué. Sur le chemin ça parle Chelsea, Greenwich Village et Coney Island –il serait temps de retourner à NYC-. De quoi s’évader et faire semblant d’oublier la douleur.

Doucement mais sûrement, on se rapproche de l’arrivée, puis les garçons se mettent à courir, ça sent bon, oui, on y est. On passe le portail dans l’hystérie – la douleur – et l’épuisement total.

On l’a fait.

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On l’a fait on l’a fait on l’a faiiiiiiiiiiiiiiit. Ah !

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Rinjani trek, Day 3 – The Lake

Thelake

Incroyable. Guillaume se lève, il fait un temps magnifique. Il vient me réveiller pour m’annoncer que la journée sera belle. Le temps d’émerger et de s’équiper, la pluie reprend de plus belle.

C’est une blague ?

Finalement, avec un peu de patience, on arrive tout de même à apercevoir un peu de ciel bleu. Mais pas le temps de retourner au Hot Springs, on a de la route devant nous. Oui, il faut remonter de l’autre côté du cratère –boum, les 700m de dénivelé dans les pattes déjà bien abîmées– et redescendre jusqu’au camp 3.

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On aperçoit au loin le sommet du Rinjani. Alors on était là hier ? On n’y croit pas, puis vient l’ascension du cratère et là oui, on veut bien le croire, vu l’état de nos jambes. La vue est à tomber, ce lac nous rappelle étrangement celui de Queenstown, New Zealand –Oh oui, Queenstown…-. La douleur musculaire nous sort de nos rêveries, cette montée n’a donc pas de fin ?

Ô joie, le temps se rafraîchit pour nous offrir une température idéale.

Après une heure pénible, Sujar nous offre un break sur un énorme rocher. On est seuls au monde dans un coin de paradis –si on fait abstraction des poubelles parsemées partout dans la nature-. Les paysages sont, une fois de plus, à couper le souffle.

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Ça repart ensuite de plus belle avec une montée interminable et, pour mon grand plaisir, un peu d’escalade ! Enfin, on peut s’amuser un peu. Mes jambes ne sont pas d’accord, mais de toutes façons elles sont out of order, faut pas les écouter. On est mort, à bout de souffle, mais on adore ! Un vrai régal, même sous la pluie -oui, encore-.

Arrivé au sommet, on fait une pause pour admirer la magnifique vue sur le lac de cratère et la caldeira. Enfin, pour nous ce sera rideau blanc et pluie, mais avec un peu d’imagination, oui, c’est absolument sublime. A couper le souffle.

Le plus dur est passé, on n’a plus qu’à redescendre jusqu’au camp. « Plus qu’à »… Que tu crois ! La descente est pire que tout, on a dans les jambes le dévalage du sommet d’hier matin, et on le sent bien. A partir là commence une belle chorégraphie : pendant que Sujar choisir de descendre en courant pour mieux amortir les chocs, Guillaume le tente à l’envers, Michelle et Seth en crabe pendant que je mixe la méthode du crabe et du 4 pattes.

Oui, à ce point là.

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On croise des marcheurs sur le départ, cette fois, c’est nous les épaves qui ne savent plus marcher. On rencontre notamment un volcanologue passionnant, avec qui on pourrait parler du Rinjani pendant des heures. Mais il a une ascension à commencer, et nous avons une descente à terminer.

Après six longues heures de souffrance physique, nous arrivons au camp ! Le premier qui possède un préau, ce qui veut dire… Pas de repas sous la tente, même s’il pleut ! Les porteurs sont là depuis un moment déjà, et notre repas est déjà prêt. Les monkeys ne sont pas en reste, ils attendent patiemment… jusqu’à ce que le plus gros vienne piquer les crackers de Michelle.

Faut dire, pour sa défense, c’était vraiment appétissant.

Monkeylunch

Il n’est que 15h, nous avons toute l’après-midi pour relaxer, s’étirer, dormir et rencontrer les marcheurs de passage comme ceux qui passent la nuit au camp.

On finit en beauté, avec un beau temps, et plein de nouveaux copains. Des Sud-Africains, des Français, des Coréens qui se font attaquer par un monkey –fallait pas l’chercher!-, une Allemande, des Canadiens, un Suédois… C’est l’Auberge Espagnole! On partage nos voyages et nos projets autour d’un thé à la lueur de nos lampes frontales. Dernière nuit au Rinjani, on a déjà un petit sentiment de nostalgie, même si on planifie déjà la nuit de demain : hôtel de luxe, douche chaude, cocktail de fruits, piscine et massages.

Michelle se lâche et me raconte leur passion pour le Nude Street. L’hiver dernier, ils ont traversé le pont de Brooklyn totalement nus sous la neige.

Quand je vous disais qu’ils étaient déjantés, ces deux-là.

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Après s’être fait invité en Afrique du Sud et à New York, on file se coucher pour –oh, oui!– la dernière nuit sous la tente. Notre corps est officiellement hors service, le simple fait de se glisser dans son sac de couchage est une souffrance.

Mais dormir, ah, dormir…

Rinjani trek, Day 2 – The Submit

RinjaniD2Wake up 2:30 am

Pluie torrentielle, ça n’a pas cessé une minute depuis qu’on s’est couché. On va monter au sommet sous ce temps ? On ne se pose pas de questions, on s’équipe, On sort la tête dehors et… personne. Tout le monde dort. Seth réveille Sujar qui nous renvoie dans les bras de Morphée. Trop froid, trop humide, et surtout aucune chance de voir un lever de soleil digne de ce nom.

Ni une ni deux, tout le monde retourne finir sa nuit.

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8:00 am, Good morning again !

La pluie s’étant calmée, nous dévorons nos pancakes sous l’oeil gourmand de nos amis les monkeys avant de partir pour l’ascensionEnfin. Les premiers pas sont éreintants. Mon corps dort encore, je ne suis pas vraiment du matin –même après un pancake-. Mais qu’est-ce que je fous là ?

Après une demi-heure de montée abrupte, une belle récompense nous attend : la vue imprenable sur le lac de cratère et le Gunung Baru.

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Nous grimpons pendant plus de 3h sur des gravillons sablonneux dans lesquels on s’enfonce, on glisse et on trébuche. Doucement mais sûrement, on se rapproche du sommet qui donne néanmoins l’impression de s’éloigner de plus en plus. La pluie met peu de temps à nous rattraper.

Et là, c’est l’expédition.

Sol glissant sur crête vertigineuse, k-way trop long, chaussures pleines de graviers, sommet disparu, impossible de prendre une photo. Heureusement la brume se dissipe de temps en temps pour nous laisser entrevoir un paysage à couper le souffle.

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La brume s’en va et revient sans cesse, et, comme un rideau de théâtre, elle disparaît au moment où nous arrivons au sommet pour nous offrir un panorama exceptionnel. On est heureux, hystérique, satisfait, épuisé, fier. Éblouis.

On est à 3726m d’altitude, au sommet du Mont Rinjani. On l’a fait!

On en prend plein les jambes, mais aussi plein la gueule. C’est bon, bordel !

Seth et Michelle ne tardent pas à nous rejoindre pour un moment de pur bonheur ! Il n’y a pas de mots. Pas besoin. La larme à l’oeil, l’effort, la beauté, l’exception, on partage ça en un regard.

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Nous avons l’honneur d’attraper un coup de soleil pendant les quelques minutes de présence de ce dernier. Au moment où nous tournons les talons pour redescendre, la pluie reprend de plus belle.

Nous partons donc pour plus d’une heure à dévaler la crête armés de nos k-way de compétition. On ne voit pas à 10m, nos jambes courent comme des automates, guidées par nos estomacs en quête d’un lunch. C’est génial, après cette ascension lente et douloureuse, on peut courir, enfin ! On se régale comme des gaminsmême si je sens au fond de mes chaussures que mes orteils me le paieront ce soir-.

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La pluie nous suit jusqu’à notre arrivée, les étirements et le repas se feront donc chacun dans son nid d’amour Lafuma. Ce qui se finira inévitablement par une énorme sieste.

Wake-up ! La journée n’est pas finie, il faut encore descendre au cœur de la caldeira sous un temps digne d’un mois de novembre à Maubeuge. Oui là, on bat tous les records. Moi qui pensait que le pire était passé, que neni ! La descente se traduit par une désescalade de 3h sur une paroi transformée en torrent. Depuis le temps qu’on voulait faire du canyoning, nous voilà servi !

Pour cette partie du trek décrite comme merveilleuse, avec vue splendide sur la vallée, on verra du gris, de la pluie, des jambes se raidir toutes seules, à bout de force, et on se souviendra d’une galère tellement énorme qu’elle en devient drôle.

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Nous arrivons au camp en même temps que la tombée de la nuit. Bilan de la journée ? 9kms, 8h de marche, 1000m de dénivelé positif, 2000m de négatif. Trempé, on rêve tous d’une chose depuis ce matin : les Hot Springs, sources d’eau chaude du volcan.

Qui a dit que c’en était fini pour aujourd’hui ? Pour atteindre les sources il faut marcher dans la jungle par cette nuit noire. Sur le chemin, on croise des cochons sauvages. En espérant qu’ils soient sympas, parce que nos jambes auront du mal à courir, ce soir. Arrivés aux sources, jacuzzi naturel et ciel étoilé magnifique. Reste à rentrer au camp à moitié nus et trempés.

On se demande comment on tient encore debout, mais peu importe, il est temps de se reposer. Bien entendu la pluie reprend de plus belle, ce qui nous force à savourer notre gado-gado dans la tente, une fois de plus. Quelques aïe, outch, « ah tiens j’avais un muscle ici?« , puis on s’endort sans trop pouvoir bouger, nos membres sembleraient vouloir qu’on leur fiche la paix.

Désolée les gars, mais c’est pas fini.

Rinjani trek, Day 1 – First steps

Départ

Après avoir avalé nos bananas pancakes ah, le rituel des vacances!, nous partons pour l’ascension du point culminant de Lombok, le Gunung Rinjani, qui nous nargue depuis quelques jours déjà, du haut de ses 3726m.

L’aventure commence avec une rencontre. Michelle et Seth, deux baroudeurs New-Yorkais –complètement déjantés-. Les porteurs passent devant, avec près de 30kg de tentes, nourritures et accessoires de cuisine sur le dos. Quand à Sujar, notre guide, il est équipé… de tongs.

Les premiers kilomètres se font au coeur des rizières, sous un soleil de plomb, qui laisse rapidement place à une belle brume, pour notre grand bonheur : la température est parfaite.

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Sur le chemin, on croise de nombreux randonneurs sur le retour. Enfin, ce qu’il en reste. Certains n’ont plus la force de sourire ni même de parler, d’autres descendent en courant pour en finir, quand d’autres sont au bord des larmes. Au milieu de ces morceaux de gens, on croise des voyageurs plus heureux que jamais, qui nous disent avoir vécu la plus belle expérience de leur séjour en Indonésie.

– Vous allez en ch… mais ça vaut le coup !

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En une journée, c’est 1000m de dénivelé, 7h de marche, 12kms, des paysages psychédéliques ponctués d’une brume magnifique, des singes, une pluie torrentielle, un déjeuner cuit au feu de bois digne des meilleurs warungs –un régal dans un cadre idyllique-, des murs à gravir, un sentier qui n’en finit pas, et une ambiance formidable.

Après quelques heures ensemble, nous sommes déjà bien unis avec un objectif commun : the submit !

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Nous arrivons enfin au camp après une dernière montée abrupte sans fin. En deux temps trois mouvements, les porteurs ont installé nos chambres pour la nuit, à 2700m d’altitude, avec une vue imprenable sur la caldeira.

On se retrouve entre marcheurs, tous aussi excités les uns que les autres, à partager nos images et notre appréhension : demain, départ 3:00am pour le lever de soleil au sommet du Rinjani.

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La vue de notre suite 4 étoiles

La pluie nous rattrape une fois de plus et coupe court à nos bavardages, le repas se fera donc aux chandelles –aux lampes frontales– et sous la tente ! Un coup de baume du tigre et au lit tout le monde. A peine commencé notre premier trek qu’on parle déjà des prochains, ce jusqu’à tomber de fatigue.

Il pleut à torrent dehors, on s’endort angoissé à l’idée de gravir le sommet sous cette tempête…

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Rinjani, here we come !

IMG_2002Mes jambes en tremblent déjà. On devrait revenir à la civilisation d’ici 5 jours. Entre temps, on va se demander ce qu’on fout là, détester l’autre parce que c’est toi qui a eu cette idée !?, perdre quelques orteils et sans doute en prendre plein la gueule. Du moins, y’a intérêt.