Pendant ce temps là, de l’autre côté… – Episode #2

Elle nous a donné envie de faire nos valises en nous racontant l’Argentine, Caroline est de retour ce mois-ci pour une nouvelle escapade en Amérique Latine…

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Lorsque j’ai quitté la France pour l’Argentine, je me suis retrouvée seule face à moi-même. Je suis sortie de ma zone de confort. Fraîchement adulte, j’avais à nouveau 4 ans. Réapprendre à parler, intégrer de nouveaux codes et de nouvelles règles, se sociabiliser, voilà les défis de l’expatrié. Et puis au bout de 6 mois, 1 an, 3 ans, on se rend compte qu’on est complètement immergé dans son nouveau pays. Seuls encore les quelques bribes d’accent franchute et le sobriquet que vous ont donné vos amis locaux indiquent que vous n’êtes pas né ici, vous êtes la french porteña.

Laburo, gimnasio et asado rythment votre quotidien et les petites curiosités argentines ne vous surprennent plus autant qu’avant ? Serait-ce le début de la fin ? Pourtant, vous l’avez juré, l’Argentine, c’est hasta siempre. Et puis là, d’un coup, l’évidence s’impose : l’expatrié peut aussi voyager. Ce que dont vous avez besoin, c’est une bonne rasade de choc culturel. Bref, tout ça pour dire que j’ai pris mon sac dos et que je suis partie 3 semaines en Bolivie.

Après quelques heures d’avion, me voici dans le poumon vert de l’Amazonie, la terre natale du petit Mimi-Siku. Telle une citadine dans la jungle, je découvre un endroit préservé de la civilisation et de ses dérives. Adieu Facebook, Twitter et autres applications chronophages. Dans le parc national Amboró, je me sens l’âme d’une Indiana Jones face aux lianes qui barrent mon chemin. Les paysages et les animaux sauvages que je rencontre au fil des sentiers n’ont pas besoin de filtre Instagram pour m’émerveiller. Je ferme les yeux et me laisse bercer par la douce mélodie des cascades et le chant des toucans. Un singe curieux me sort de ma torpeur en essayant de me chiper mon goûter ! Le guide m’avait prévenu : ici, je suis soumise à la loi de la jungle, n’est pas Mowgli qui veut !

Cap au sud, à Tarija, le point de départ de la route des vins. Moins réputés que les grands crus argentins ou chiliens, les vins boliviens gagnent à être connus. J’enfourche mon VTT et dévale les vallées verdoyantes de Tarija. Premier arrêt dans une bodega et je déguste mon premier malbec bolivien, puis s’enchaînent d’autres caves et d’autres cabernet sauvignon, merlot, syrah… – l’abus d’alcool est dangereux pour la santé – Je suis surprise par leur arôme riche ; les vignerons m’expliquent que les vignes d’altitude sont exposées plus intensément aux rayons ultraviolets d’où cette saveur sucrée au palais. Avant de repartir vers d’autres contrées, je goûte à mon premier Poncho Negro, un mélange de singani, la liqueur nationale, et de Coca-Cola. Ça me change de mon sempiternelle Fernet Coca argentin !

Copacabana, Lac Titicaca, Bolivie 02 - Crédit Bolivia Excepcion

Je poursuis mon périple en direction de Sucre, la ville du sourire. Ville du sourire me dites-vous ? Peut-être parce-que ses murs d’un blanc étincelant rappellent étrangement les sourires ultra bright des publicités pour dentifrice ! Blague à part, Sucre est une charmante ville coloniale au patrimoine historique passionnant. Fondée au XVIe par les Espagnols, la « Ciudad blanca » fut le berceau des luttes révolutionnaires boliviennes. Première ville de Bolivie libérée du joug espagnol, elle prend le nom de son libérateur vénézuélien. En parcourant les ruelles de la ville, je découvre de somptueux édifices coloniaux comme la basilique San Francisco et l’église San Lazaro. Mais à Sucre, il n’y a pas que les murs qui sont blancs, les nuits le sont aussi ! Le soir venu, je me rends dans la calle Nicolas Ortiz à la recherche d’un endroit où siroter une bière. Bonne pioche, j’entre dans le Kultur Kafe Berlin où la musique folklorique bat son plein. Notre nuit se termine dans une peña, une boîte de nuit à la sauce bolivienne. Le dimanche, à une centaine de kilomètres de Sucre, le charmant village de Tarabuco accueille un des marchés les plus typiques de la région. J’en profite pour faire le plein d’étoffes colorées (aguayos), de pulls en alpaga et de feuilles de coca pour la suite du voyage. Une vraie caverne d’Ali Baba !

Proxima estación : Potosí. «Je suis la riche Potosí, le trésor du monde, la reine des montagnes et la convoitise des rois » voilà ce qu’indique la pancarte à l’entrée de la cité minière. Le ton est donné. Ancienne Eldorado, Potosí fut autrefois l’une des villes les plus riches d’Amérique Latine. La raison ? La présence du Cerro Rico, la montagne qui surplombe la ville et qui durant des siècles a alimenté la couronne espagnole. Les réserves d’argent épuisées, les colons sont partis laissant la ville à l’abandon et les mines aux coopératives de mineurs. C’est avec émotion que je m’engouffre dans l’une des galeries souterraines taillées à coups de pics et de pioches par des indiens et des esclaves africains durant des siècles. Me voici dans l’univers de Germinal. Le corps courbé en deux, un casque et une lampe sur la tête et les pieds dans l’eau je tâche de m’orienter à travers le labyrinthe de la mine. Des gaz nocifs s’échappent des galeries, l’air y est presque irrespirable et il fait une chaleur insupportable. Arrivée au fond de la mine, nous offrons quelques feuilles de coca aux travailleurs des profondeurs ainsi que des offrandes à la Pachamama, la déesse de la terre. Très superstitieux, les mineurs croient aux dieux et aux diables. Impossible de rester insensible face aux conditions de travail de ces gamins boliviens. C’est sûrement le moment le plus marquant de mon voyage.

Laguna Verde, Bolivia

Autres moments forts de mon périple bolivien : le salar d’Uyuni. Le salar d’Uyuni, vous le connaissez déjà, vous l’avez vu sur les incroyables photos façon illusions d’optiques du compte Facebook de Régis, votre copain baroudeur. Longue de 12 500 km², cette immense étendue saline d’un blanc étincelant accueille les hordes de touristes désireux d’avoir eux aussi, une profile picture digne de Régis. Après avoir traversé les plateaux boliviens en 4×4, nous arrivons dans cet endroit féérique, au programme : étendue saline à perte de vue et blancheur immaculée. « Non, attends ! Mets-toi là, je te dis ! A droite, un peu plus à droite… Avance un peu, encore un peu. Oui, voilà ! » A l’instar des touristes (et de Régis), je veux aussi ma photo portrait. Après un tas de poses inimaginables, notre guide nous conduit jusqu’au cimetière des trains où rouillent au soleil une dizaine de locomotives et de wagons. Mais dans ma tête, je suis encore entre ciel et terre, à Uyuni.

Le Sud Lipez et la route des joyaux, rien que leurs noms font rêver…C’est au sud-ouest de la Bolivie, près du salar d’Uyuni que se cache cette région fascinante. Dans l’immensité de ces monts arides et désertique, les sites se succèdent et ne se ressemblent pas. Telle une palette de peintre, le désert de Dalí – il porte bien son nom – se pare de toutes sortes de couleurs surnaturelles. Il y a les eaux couleur rubis de la Laguna Colorada, les eaux nacrées de la Laguna Honda et les eaux couleur saphir de la Laguna Cañapa. Autour des oasis, les mouettes andines et les flamants roses viennent s’abreuver. On se croirait dans le Peuple migrateur ! Au détour de la route, on croise un lama solitaire comme pour nous rappeler qu’on est bien en Bolivie et non sur une autre planète.

Ile flottante,  lac Titicaca, Bolivie

Mon aventure bolivienne se termine à la frontière de la Bolivie et du Pérou, dans un endroit dont le nom m’a bien fait rire lorsque j’étais petite : le lac Titicaca. Niché à 3 800 m d’altitude, le lac Titicaca peut se targuer d’être le plus haut lac navigable du monde ! C’est à Copacabana (à ne pas confondre avec une célèbre plage brésilienne) que je pose mon sac à dos. Cette ville tranquille située aux abords du lac est un lieu de pèlerinage important en Bolivie. Elle accueille à Pâques, des milliers de pèlerins venus prier la Vierge Noire, symbole du fort syncrétisme religieux qui règne dans le pays. Je décide de visiter la Isla del Sol et embarque à bord d’un petit bateau. Le trajet est affreusement lent mais les paysages somptueux traversés en chemin me font prendre mon mal en patience. Une fois débarquée, je découvre les ruines de Pilkokaina ainsi que les escaliers de Yumani. Après ce voyage dans le temps, je me rends dans un petit restaurant avec vue sur le lac. Au menu, une sopa de mani, une soupe à base de cacahuètes, de pommes de terre et de viande de bœuf. Miam ! Avant de repartir, une tisseuse me raconte les légendes du lac. Certains prétendent qu’il abrite les vestiges de la cité d’Atlantide. Je reprends la route laissant derrière moi un lieu magique où le temps semble s’être arrêté.

Dernière halte à la Paz, la capitale la plus haute du monde avant de prendre mon avion pour Buenos Aires. Le tumulte qui règne dans la métropole me sort soudain de ma torpeur voyageuse, retour à la réalité. Je quitte un pays à l’authenticité rare, un savant mélange de paysages d’exception, de multiethnicité et de traditions ancestrales. Ça y est, j’ai eu ma rasade de choc culturel, je peux rentrer à la maison.

Pour continuer le voyage, vous pouvez consulter le guide de voyage en ligne de Bolivia Excepción sur www.bolivia-excepcion.com.

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